• ILLUSION

    STATUES

    La femme était assise dans la chambre
    obscure et pleurait doucement entre ses mains. Si elle avait pleuré un peu plus
    fort cela aurait réveillé son mari et le bébé. Ils voulaient savoir pourquoi
    elle pleurait, et elle ne pouvait pas mettre en mots ce pourquoi elle ressentait
    cette grande pression de larmes. Une partie de cela était les désappointements
    que la vie lui avait continuellement apportés, mais pire était le
    désappointement qu'elle avait apporté elle‑même. Rien n'avait tourné comme elle
    l'avait espéré. Rien. Et maintenant elle avait une peur terrible que toute sa
    vie cela continue de la même manière. Aucune des vérités spirituelles auxquelles
    elle avait cru si longtemps n'avait oeuvré pour elle. Elle ne faisait aucun
    progrès spirituel. Elle était piégée dans la peine et la terreur des
    circonstances qui avaient fait sa vie. Elle n'avait pas de temps pour méditer.
    Elle ne servait pas pour pouvoir mériter une illumination spirituelle. Son mari
    qui lui avait parlé une fois de façon si compréhensive à propos de leurs idéaux
    mutuels les avait oubliés depuis longtemps. Il travaillait et dormait. Avait‑il
    jamais laissé échapper la vision des débuts ? Elle ne le savait pas. Cela
    faisait si longtemps qu'ils s'étaient parlé l'un à l'autre. Ils étaient des
    étrangers vivant côte à côte. S'aimaient‑ils l'un l'autre ? Il y avait
    maintenant peu d'échange d'affection entre eux. Ils étaient pris par la monotone
    routine de la simple vie, payant les factures, essayant de
    progresser.

     

    Elle pleurait de plus en plus,
    convulsivement, mais elle étouffait le bruit pour qu'il ne
    puisse

     

    être entendu. Languissant, priant,
    voulant vivre spirituellement rien de cela ne réussissait.

     

    S'il y avait seulement eu un maître
    pour l'aider.

     

    Il n'y avait rien. Elle avait espéré
    qu'il y aurait quelqu'un pour la guider, pour lui parler de ses erreurs, pour
    lui montrer le chemin. Tous les livres qu'elle avait lus avaient promis que le
    maître viendrait vers le chercheur sincère, mais rien n'était venu à elle bien
    qu'elle ait pleuré, prié et langui.

     

    Elle avait arrêté de lire les livres,
    et ses prières et ses méditations étaient moins fréquentes, bien qu'elle les
    ait, de façon épisodique, continuées au fil des ans‑espérant toujours qu'un jour
    le miracle arriverait. Un maître viendrait et avec lui la force pourrait
    reprendre.

     

    Elle se mordit les lèvres et les
    pleurs torturants cessèrent. II n'y avait plus de larmes à couler. Elle se
    sentait stérile et vide. Elle était au‑delà du point de désespoir. D'une manière
    ou d'une autre, tout ceci devait être de sa faute. Sa tête était fatiguée, et le
    chagrin amer si grand qu'elle ne pouvait percevoir quelles avaient été ses
    fautes.

     

    Alors elle dut tomber endormie dans sa
    chaise. Elle était sûre de ceci plus tard. Mais à ce moment elle était ignorante
    de sa chute. Le rêvefut éclatant, et lui fit plus de mal que toutes les douleurs
    qu'elle avait eues avant. Elle était seule. Oh, tellement seule. Elle marchait
    dans un désert vide. Le sable piquait ses pieds et la chaleur du Soleil la
    martelait impitoyablement. Loin, loin devant elle était certaine qu'il y avait
    une oasis fraîche, et à son ombre attendaient le confort et la paix et des amis
    pour l'aider. Cependant, peu importe de quelle façon elle s'efforçait de pousser
    en avant le sable collé à son dos, et elle allait nulle part.

     

    Déconcertée, elle cria, "N'y a t‑il
    personne pour me sauver ? Personne pour m'aider?"

     

    De quelle part une voix profonde
    répondit, "Pour être sauvé on doit sauver en premier. Pour être aidé, on doit
    d'abord aider".

     

    Elle pleurait sans comprendre, mais il
    n'y avait plus de voix. Elle savait qu'elle devait continuer ou périr sous la
    chaleur. Elle luttait et comme elle s'avançait ; elle devint consciente qu'à ses
    pieds où elle n'avait rien remarqué auparavant, se tenait un enfant lui tendant
    la main. Les petits bras de l'enfant la tenaient bon, et elle connut un moment
    d'irritation qu'il soit là.

     

    Elle se sentit aussi en colère. Cela
    lui prit toute sa force pour bouger, et ici il y eut un bébé accroché
    péniblement à son dos. Pendant un instant elle essaya d'avancer et de le laisse
    là. Prise d'une poussée de folie, elle se mut en avant de quelques pas et le
    laissa en arrière, mais comme elle se libérait sa conscience la dérangeait.
    L'enfant mourrait, et serait à blâmer. C'était son devoir, elle le savait. Elle
    devait porter l'enfant avec elle. Ceux qui attendaient à l'oasis sauraient d'une
    manière ou d'une autre si elle ne l'avait pas fait, et ils en seraient
    contrariés. Sans amour, sans sympathie, seulement parce qu'elle le devait, elle
    revint sur ses pas et releva l'enfant. Il l'alourdissait comme elle s'en était
    douté. Il rendit la marche plus difficile, et l'enfant n'était ni tranquille ni
    reconnaissant, mais se tortillait et se roulait dans ses bras rendant leurs
    progrès diffciles. Elle voulait continuer par elle‑même. Aux gémissements du
    bébé elle ferma son mental. "A l'oasis ils me récompenseront pour cette gêne",
    se consolait‑elle. Mais elle ne donna aucun réconfort au bébé.


    Il sembla enfin qu'elle pouvait voir
    le faible contour des arbres. Finalement elle fut plus près. Cela rendit ses pas
    plus rapides bien qu'à présent elle haletait dur pour respirer. Alors elle
    trébucha sur l'homme. Le sable coupait ses lèvres, et meurtrissait ses jambes et
    ses bras. Il brûlait ses yeux et elle était aveuglée. Le bébé se détachait de
    son emprise et pleura plus fort. Pendant un moment elle pleura seulement de
    fureur. Sa force était presque envolée. Si elle n'avançait pas encore une fois
    elle ne pourrait jamais le faire.


    Elle se frotta les yeux et en ôta le
    sable. Elle ramassa le bébé hurlant et le poussa elle‑même à ses pieds. Alors
    elle réalisa brusquement: elle ne pouvait pas laisser l'homme. Bien qu'elle ne
    puisse le voir clairement à travers la brume qui s'était installée devant ses
    yeux, elle savait qu'il avait mal et qu'elle devait l'aider. Elle devait le
    laisser se pencher sur elle l'amener aussi d'une façon ou d'une autre à l'oasis.
    Il n'y avait pas d'amour, ni pitié dans son geste. Ils la récompenseraient à
    l'oasis. C'était la seule motivation qu'elle connaissait, et elle le traîna
    derrière elle. Avec son poids contre elle, elle le stabilisa sur ses pieds et le
    trimbala à moitié contre elle. C'était comme s'il était dans le coma car il ne
    l'aidait ni ne l'entravait. II ne le pouvait pas. Il bougeait mécaniquement
    comme elle le traînait, et le bébé pleurait encore, lui crispant les nerfs. Elle
    avança encore et encore, et puis s'effondra dans le sable. Avant de perdre
    conscience, elle connut un moment de regret :"J'ai échoué. Trop méchante je n'ai
    pu amener le bébé et l'homme là et les sauver".

     

    Ce fut sa dernière pensée consciente.
    Elle se réveilla et se réalisa qu'elle se trouvait sous un palmier. De l'eau
    fraîche bouillonnait dans une source proche. Elle était à l'oasis. Tout près
    étaient le bébé et l'homme, tous deux encore inconscients. La voix parla à
    nouveau. Elle ne vit personne, mais savait qu'il y avait des Présences
    proches.


    La voix dit : "Tu as été amenée ici
    seulement parce que tu as eu une bonne pensée avant de t'effondrer". Elle
    réfléchit et se souvint qu'au dernier moment elle avait ressenti un réel regret
    que le bébé et l'homme soient perdus avec elle.


    La voix continua " Le devoir fait sans
    amour est une pièce sans valeur et n'achètera pas l'illumination et la
    spiritualité". Il n'y avait aucune accusation dans la voix, seulement un état de
    fait. Elle avait été jugée, elle savait. C'était l'histoire de sa vie. Elle
    avait toujours fait son devoir, mais c'était dans la douleur et la lutte. Il
    n'avait eu aucune joie en cela. Elle avait cherché sa propre illumination
    spirituelle. Elle avait peu pensé aux autres.


    La voix parlait, "Bien, là gisent le
    bébé et l'homme. Veux‑tu t'occuper d'eux et leur donner la vie ? Ou veux‑tu les
    laisser mourir là de ta propre négligence ?


    Alors, étrangement, le sable mordant
    et le linceul de chaleur cessèrent de la troubler. Ses yeux se clarifièrent.
    Elle connaissait le bébé et l'homme. C'était son enfant, son mari. Elle savait
    les années de devoir qu'elle leur avait donné, mais ils avaient eu des années de
    négligence.

     

    Elle comprenait tout ceci si
    clairement maintenant. On ne progressait pas par miracles. On marchait lentement
    en faisant les choses routinières de la vie. On faisait la vérité en la vivant
    dans un tel chemin.

     

    L'ancien devoir fait sans amour, sans
    compassion, était sans valeur. Pire, il était coupable !

     

    Elle se remit elle‑même sur pieds et
    alla vers la source et apporta de l'eau à l'enfant et à l'homme. Des larmes
    coulaient de ses yeux‑non pour elle‑même, mais pour l'enfant épuisé et l'homme
    infirme. L'enfant avait été épuisé par manque d'amour joyeux, l'homme rendu
    infirme parce qu'elle ne lui avait jamais donné de tendre compréhension et
    marché réellement à son côté.

     

    Des larmes de remords piquaient ses
    joues. Le bébé ouvrit les yeux et son visage se mit à sourire. L'homme soupira
    et tendit sa main vers elle.

     

    Elle ouvrit les yeux. Elle était dans
    sa propre chambre sombre. Son mari était endormi sur le lit. Elle se pressa vers
    la chambre contiguë, et le bébé dormait tranquillement.

     

    Chaque scène du rêve était vive sur
    elle. Elle comprenait à présent. "J'essaierai. J'essaierai", promit‑elle. Elle
    n'avait pas été seule. D'une certaine façon une sagesse en elle lui disait
    qu'elle tomberait et trébucherait et ferait des erreurs qu'elle regretterait,
    mais à la fin elle saurait que ce n'est pas pour son propre progrès qu'elle
    devait s'irriter, c'est comment elle devait bien servir dans l'amour joyeux ceux
    qui lui sont proches.

     

    Quant au maître‑le rêve lui avait
    donné la foi. Lorsqu'elle avait besoin d'aide, il y aurait d'autres rêves. Elle
    était certaine de cela maintenant. Tant qu'elle serait véritablement capable
    d'appliquer la vérité, alors la vérité lui serait donnée. Tant qu'elle vivrait
    honnêtement dans la lumière, ainsi la lumière en elle
    croîtrait.

     

    C'était son égoïsme erroné qui avait
    maintenu des chaînes à ses pieds comme ses pieds s'étaient sentis enchaînés dans
    le désert qu'elle avait vu en rêve. Elle se pencha pour embrasser l'enfant
    endormi, et puis alla au lit. Dans son sommeil, bien qu'il ne sentit pas le
    changement, son mari tendit ses bras vers elle, et elle se glissa en eux pleine
    de reconnaissance.

     

    LARMES


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